La relation en premier
Pour prendre soin de votre chien nouvellement adopté, quelques règles de base pour qu'il se sente bien auprès de vous et créer un lien de confiance :
- ne pas chercher à le "dresser" ni à l'éduquer dès son arrivée. Votre protégé a besoin de se reposer, que ses besoins soient comblés (sécurité, manger et boire,...)
- ne le grondez pas, pour aucune raison, quelles que soient ses réactions. La relation en premier !
- aidez le à s'intégrer en douceur et à comprendre votre fonctionnement familial
- laissez tomber les idées hiérarchistes : votre nouveau chien ne cherche pas à vous dominer, à prendre votre place, à devenir le grand chef suprême de votre famille ou voler votre statut de mâle alpha. Ce sont des conceptions fausses qui font du mal aux chiens, qui créent des chiens sur la défensive et cela provoque de nombreux retours d'adoption.
- n'invitez pas de personnes / chiens inconnus du chien avant quelques semaines
- préférez les sorties paisibles en forêt et en campagne pendant quelques temps
- n'emmenez pas votre chien partout avec vous, il a besoin de souffler !
- souvenez-vous qu'un chien de plus de quatre mois pas sociable ne pouvant pas être "socialisé", ni "resocialisé", "sociabilisé" ou "resociabilisé" (même si un pro vous le promet), vous devrez absolument éviter toute rencontre avec l'espèce que le chien n'aime pas tant que vous n'aurez pas fait une thérapie comportementale avec un pro non violent et non hiérarchiste. Par ailleurs, ne laissez jamais un professionnel faire rencontrer un chien ou un humain à votre chien ou votre chiot pas sociable avec les chiens ou humains : si le ou la professionnel.le vous le propose en premières séances, c'est qu'il ou elle n'est pas formé.e à travailler avec des chiens pas sociables. Cela risque de créer un traumatisme profond et ce sera beaucoup plus difficile à récupérer. Pensez bien à ce sujet que l'amour ne suffit pas, et donc que si vous n'êtes pas prêt.es à vous engager dans une thérapie comportementale de plusieurs mois / années et une supervision à vie de votre chien, n'adoptez pas de chien pas sociable, et exigez d'adopter uniquement un chien ultra sociable dont on connaît vraiment le caractère et les ententes. 15 ans avec un chien difficile, c'est long et compliqué !
Je l'ai, c'est à moi !
Une règle canine incontournable, et cependant, suffisamment mal connue, même chez les professionnels, pour engendrer des difficultés relationnelles et comportementales avec votre chien. Quand un chien a quelque chose en gueule, c'est à lui. Il ne lui est pas possible de comprendre que lorsque vous laissez un objet à vous ou votre nourriture, vous comptez les retrouver en revenant. Un chien n'a pas de notion du titre de propriété, et les chiens qui gardent férocement un objet qu'ils ont pourtant abandonné ont un souci (généralement, hormonal ou traumatique). Dès lors, il est facile de comprendre que lorsqu'un humain chercher à prendre la nourriture ou l'objet qu'un chien a en gueule ou entre les pattes, comme ça, un chien peut ne pas le prendre bien du tout ! Avoir un chien qui tolère ce type de comportement - inadmissible donc - est une chance. Prendre la nourriture ou l'objet de la gueule d'un chien ou d'entre ses pattes, trifouiller sa nourriture, lui retirer, constitue des abus. Rien d'autre. Si certains professionnels l'enseignent encore pourtant, cela signifie simplement qu'ils n'ont pas de formation sur le sujet, et qu'ils ont une conception spéciste et hiérarchiste des chiens : cela va généralement de paire avec l'idée selon laquelle "on doit pouvoir lui reprendre la nourriture", "il n'a pas à grogner". Je peux assurer que face à un chien féral de Roumanie de gabarit Charpla, c'est avec une amputation qu'ils ressortiraient de la séance (les chiens féraux sont très sérieux à propos des règles canines, et chercher à leur manquer de respect à ce sujet est généralement suicidaire). Ces idées n'ont aucun fondement éthologique et elles créent de la dangerosité chez les chiens. Enseigner le troc en consentement éclairé oui, imposer à un chien un comportement inadapté socialement et le confronter pour ça, non !
J'y suis, c'est chez moi !
Voici un autre pilier de la culture canine. Votre chien ne peut pas comprendre que quand vous quittez votre canapé, vous imaginez quand même être en droit de le privatiser malgré votre absence. C'est un fonctionnement qui n'a aucun sens pour un chien et qu'ils ne peuvent pas comprendre. Donc, quand vous libérez la place dans votre canapé ou même sur votre lit, pensez au fait que votre chien ne peut ni savoir ni comprendre qu'il n'est pas sensé y aller, pour des raisons d'ailleurs qui n'appartiennent qu'à vous, puisque sauf agressions passées sur des membres de la famille, c'est tout à fait ok de laisser votre chien aller dormir sur le canapé ou même dans votre lit. Il est essentiel de ne jamais gronder ou sanctionner un chien qui va sur le canapé ou le lit, quelle qu'en soit la raison. Si vous ne souhaitez pas que votre chien s'y installe, fermez la porte, installez une barrière ou des chaises (qu'il pourrait tout à fait pousser s'il est assez fort d'ailleurs). Concernant le canapé, je vous suggère plutôt d'y installer une housse ou une couverture. C'est quand même plus sympa de partager !
Vous pourrez, si vous savez vous y prendre par le renforcement positif UNIQUEMENT, apprendre à votre chien à monter et descendre sur demande, très gentiment et poliment (il n'a aucune raison d'accepter, hors apprentissage, c'est impoli de déloger quelqu'un qui se repose et votre chien est complètement légitime de vous envoyer bouler si vous êtes dans le rapport de force). Attention avec les chiens roumains qui sont, comme avec la nourriture, très sérieux sur cette règle là. Beaucoup de chiens roumains en viennent à mordre quand l'humain, outré de voir le chien roumain se vautrer sur le canapé, se jette sur le chien pour lui ordonner de redescendre, ou pire (et c'est très dangereux), l'attrape par le collier pour l'y contraindre par la force. En général, une personne qui réagit comme ça va chercher à privatiser le canapé pour des arguments hiérarchistes. Encore une fois, si le chien n'a pas d'historique d'agression sur les humains de la famille et s'il ne protège pas la ressource que représente le canapé (voir de quoi il s'agit en cliquant ici), c'est tout à fait ok de partager son canapé avec son chien et de le laisser y aller quand il a envie, même en hauteur sur les coussins, toussa. Par ailleurs, les chiens de Roumanie étant souvent obligés de protéger leurs ressources pour survivre dans la rue, puisque c'est leur environnement naturel, il est fréquent qu'ils attaquent l'humain et / ou les autres chiens de la maison autour de la nourriture ou des couchages (et cela pose d'ailleurs un énorme problème de sécurité et de responsabilité de la part des associations qui les importent pour les placer comme des chiens de compagnie alors qu'ils n'en sont pas !).
L'apprentissage par association et la coloration émotionnelle
Les chiens apprennent, comme nous, par association. C'est à dire que, lorsqu'ils font une action, c'est ce qu'il ressente lors de la conséquence à cette action qui va guider la suite, s'ils referont cette action ou s'ils l'éviteront à l'avenir. Evidemment, ce n'est pas nous qui décidons de ce que ressent le chien. Il est impossible de décider de l'effet d'une conséquence sur le chien, vous ne pouvez donc pas décréter que vous, vous ne "récompensez qu'à la voix", ou "sans friandise" : si votre chien s'en fout, n'aime pas ce que vous faites ou que ça ne suffit pas, ça ne fonctionnera pas (d'ailleurs, quand un professionnel décrète ce type de méthode, détecteur à bullshit, il ne travaille pas en méthode bienveillante, dite encore non-violente ou méthode positive. C'est tout simplement un professionnel coercitif qui se cache derrière des pseudo récompenses qui fonctionnent rarement, avec par contre du renforcement négatif et de la punition positive (oui, même quand on appelle cela "méthode naturelle", si on utilise R- et P+, on est en coercitif et on stresse les chiens (et donc on fait des dégâts psychologiques, affectifs et émotionnels).
Chose importante donc, tout ce que vous ferez en conséquence (ou en anticipation) des comportements de votre chien peut avoir un impact émotionnel, agréable ou désagréable, super réjouissant ou effrayant, douloureux. Et vous ne pourrez absolument pas empêcher le fait que votre chien associe cela à vous. Même si on vous dit le contraire. Avec un chien nouvellement adopté, pas le droit à l'erreur ou aux mouvements d'humeur : votre chien doit absolument être sûr (ou le devenir) que vous êtes toujours gentil.le, soutenant, attentif à ses émotions, et qu'avec vous, il est certain d'être en sécurité émotionnelle. Détecteur à bullshit ON : si un pro vous explique que pour qu'un chien aille bien et se sente en sécurité, il faut lui montrer qui est le chef de meute, le cadrer, être autoritaire, poser des limites fermes en haussant le ton, en usant de la force ou ce genre de chose, FUYEZ : cette personne n'a pas de formation sérieuse et va saccager votre relation à votre chien. Ce sont des conceptions hiérarchistes qui ne reposent sur rien et font énormément de mal aux chiens (et aux gens qui en subissent les conséquences désastreuses).
Vous lui apprendrez petit à petit, plus tard, ce qui est nécessaire à une vie en harmonie avec vous, mais pour le moment, votre chien a besoin de douceur, de gentillesse, de calme, de belles sorties au calme s'il n'a pas peur dehors, de bonne nourriture plusieurs fois par jour et d'un super lit moelleux avec de super jouets à dispo et une gamelle d'eau propre. Attention aux sorties avec les chiens roumains, qui, donc, ne sont pas des chiens de compagnie mais des chiens semi-sauvages capturés et largués chez vous sans rien pour les y préparer : le chien roumain peut ne pas du tout être heureux de se promener avec vous, être terrorisé de porter un harnais et de marcher à vos côtés, vous ne pourrez donc peut-être pas vous promenez avec lui sans le traumatiser et donc lui faire du mal, ni maintenant, ni même peut-être dans six mois, ni même jamais, selon le profil de votre chien roumain. Ce qui évidemment est plus que minimisé par les assos qui les font venir.
Les 4 piliers fondamentaux de l'adoption
Voici donc, une fois tout ceci posé, une proposition de quatre axes que je trouve fondamentaux dans l'accueil qualitatif d'un chien abandonné ainsi que dans les temps qui suivent l'adoption. Attention, si votre chien vient de Roumanie, vous aurez aussi à généralement à domestiquer un chien semi-sauvage, ce qui n'a absolument rien à voir en terme de difficulté comparé à l'adoption d'un chien domestique sélectionné pour la compagnie et donc fait pour vivre avec vous (l'environnement naturel du chien roumain est la rue, pas la maison d'une famille humaine).
- la construction d'un lien de confiance solide
- de la douceur
- de la patience
- de la vigilance vis-à-vis des fugues : votre chien nouvellement adopté n'a aucune raison de rester auprès de vous en cas de problème !
Attention aux portes !
De nombreux chiens sont perdus dans les jours qui suivent leur arrivée dans leur nouvelle famille. Portes mal fermées ou carrément laissées ouvertes, pas de sas, un chien en perte de repère et pas encore attaché à sa nouvelle famille : voici un cocktail détonnant pour perdre son nouveau chien. Soyez vigilant et ne comptez pas sur votre chien pour rester près de vous. D'ailleurs, perso, le GPS Tractive m'a beaucoup apaisée sur ce point.
Pas de liberté pour le nouvel adopté
Votre chien récemment adopté n'a aucune raison de rester auprès de vous s'il prend peur ou s'il croise un chat ou un sanglier. Beaucoup de chiens sont perdus chaque année parce que des familles les laissent en liberté alors qu'elles viennent d'adopter le chien et sans lui avoir appris un rappel solide.
Cliquez ici pour connaître mes critères à remplir pour obtenir le "permis liberté" !
Parler "mignon"
Votre chien vient d'arriver et, fragilisé par cette perte de repère soudaine et sans aucune explication accessible pour lui, il a besoin de votre aide pour se connecter à vous. Pour cela, rien de mieux de lui parler avec votre voix la plus mignonne et aigue. Cela facilite souvent énormément les choses car beaucoup de chiens se détendent et ont envie d'interagir avec les humains leur parle comme à des bébés. Même si vous avez une voix grave, faites vos meilleurs efforts pour offrir à votre chien une petite voix gentille et aigue, cela l'aidera à avoir envie de venir à vous et de vous suivre.
Tenir compte de la sensibilité
Quelques points auxquels faire attention pour aider ce chien nouvellement adapté à s'acclimater au mieux à son nouvel environnement :
- son histoire de vie
- sa génétique
- sa personnalité et son individualité
- mouvement
- odeur
- bruit (ces trois derniers points pouvant, s'ils sont présents de façon intenses, être très stimulant, stressant ou effrayant pour votre nouveau protégé).
Rangez vos affaires !
Eh oui ! Votre chien nouvellement adopté, que ce soit en refuge ou en association, ne peut pas deviner que vos affaires ne sont pas destinés à être croquées. Rangez, fermez à clé, utilisez des bloque-portes, des bloque-tiroirs, installez des barrières, mettez à sa disposition ses affaires à lui et uniquement ses affaires, et supervisez. En cas de loupé, la seule personne à qui vous avez le droit de faire des reproches, c'est vous ! Même si votre chien grignote votre iPhone ou vos clés de voiture, ne le grondez jamais, ne dites rien. Il fallait les garder hors de portée. Vous penserez également à introduire très progressivement les temps de solitude, en aucun cas votre nouvel arrivant ne doit être laissé seul du jour au lendemain parce que vous reprenez le travail. Contactez-moi si besoin pour apprendre comment faire !
