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Adopter un chien, bien démarrer avec son chien adopté !

Une femme souriante avec les cheveux bouclés, portant un t-shirt jaune, se prend en selfie avec un chien noir et blanc à ses côtés, entourée de verdure.
Par Marine Coach Canin
Publié le
25
August
2025
Temps de lecture : ⏱️
5 min
Catégorie :
Adoption
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Chichina, royal Bourbon tricolore adoptée en 2010 porte un harnais zéro DC short rose

Adopter un chien, ça veut dire quoi ?

Une précision importante : je vois de plus en plus de personnes, clients ou personnes sur le net ou dans la vraie vie, qui parlent d'adoption pour leur chien acheté dans un élevage. S'il vous plaît, si c'est votre cas, n'utilisez pas ce mot pour votre chien : vous avez acheté votre chien, né exprès pour être vendu, vous l'avez payé cher, et il a été fabriqué exprès pour vous être vendu. La personne qui vous l'a vendu a fait un profit financier sur ce chiot, même si elle vous a dit qu'elle fait cela par passion et que cela n'est pas rentable pour elle. Il est important de faire preuve d'honnêteté sur ce sujet : payer un éleveur pour lui acheter un chiot, c'est cautionner un système dans lequel la vie d'un chien se monnaye, dans lequel on fait de l'argent sur la vie d'un chien, dans lequel on utilise une chienne pour la mettre enceinte afin de vendre ses bébés, à des humains qui attendent leur naissance après avoir donné de l'argent pour en avoir un. Même au nom d'une passion, cela reste une participation à un système qui trouve acceptable de créer volontairement des êtres vivants dans le but de les placer contre une grosse somme d'argent, à des personnes à qui ils n'ont pas le droit de dire non car ce serait un refus de vente. Cela reste un système qui objectise le chien, et qui favorise le fait que les humains leur manquent de considération : payer pour posséder un être vivant est le meilleur moyen pour lui faire perdre son individualité et faire oublier que cet être a des droits, qu'il a une personnalité et une pensée propre, qu'il peut souffrir, aimer, être en colère, déprimer ; c'est aussi favoriser un système dans lequel "on en veut un comme ça, parce qu'on adore cette race", en laissant de côté le fait que le chien n'est pas au courant qu'il est censé répondre à un cahier des charges, et parfois rendu complètement dysfonctionnel pour une vie de famille à cause d'une génétique trop spécifique ; c'est aussi cautionner un système dans laquelle on crée encore et encore des chiens alors qu'il y a plus de 300 000 chiens abandonnés en France chaque année, dont ces petits que vous avez fait naître ou leurs descendants feront peut-être partie un jour.

Vous pouvez trouver tout cela ok, en tant qu'éleveur, comme en tant qu'acheteur. Mais cacher cela en utilisant un mot qui ne correspond pas à la réalité abîme le travail fait par les acteurs de la protection animale. Qui sont d'ailleurs ceux qui récupèrent les descendants de vos chiots non stérilisés, que vos clients ou vous-mêmes si c'est vous le client, vont faire reproduire par eux-mêmes pour garder un chiot de leur chien de race adoré, ou laisser se reproduire avec le premier venu parce ne sachant pas gérer des chiens non stérilisés. Les refuges sont pleins à craquer de descendants de chiens d'élevage que les particuliers finissent par abandonner, et de chiens de race dégénérés que leur génétique couplée à l'incompétence de certains clients ou d'un mode de vie inadapté ont rendu complètement barges.

L'adoption, c'est autre chose que cela : on ne parle d'adoption que pour un chien qui a été abandonné, qui a donc souffert de son abandon, et qu'on adopte par contrat d'association, contre un don qui couvre une petite partie des frais engagés - nourriture durant des mois voire des années, stérilisation, puce électronique, vaccinations complètes, soins en tout genre, frais engendrés par les sauvetages de chiens blessés ou malade, âgés, trajets pour amener les chiens dans leur famille et faire les sauvetages...- (entre 200 et 400 euros). Payer entre 600 et 3000 euros et plus pour un chiot en bonne santé physique et mentale de 8 ou 10 semaines né dans un élevage et issu d'une saillie de chiens de race dans le but d'être vendu, cela n'est pas du tout comparable avec le fait de participer au sauvetage d'un chien abandonné en lui offrant un foyer.

Cela nie le travail des associations qui sauvent des chiens, qui donnent de leur temps bénévolement pour ça, qui se battent pour sauver des vies, qui se battent pour redonner de la joie à des chiens au cœur brisé, pour réhabiliter des chiens traumatisés, qui se tapent les euthanasies des chiens devenus trop dangereux pour être placés, des chiens tellement maltraités qu'ils sont à l'agonie quand elles les récupèrent, qui trappent les chiens lâchés dans la nature par des imbéciles qui n'ont même pas le courage de les déposer au refuge, qui consolent les gens qui sont en fin de vie et demandent à ce qu'elles récupèrent leur chien qui va se retrouver seul, qui s'engueulent avec des gens qui veulent se débarrasser du chien qu'ils ont rendu ingérable ou dont ils ne veulent plus pour aucune raison valable, qui gèrent un refuge et / ou des dizaines de famille d'accueil, qui se tapent des insomnies ou des crises de larmes après avoir vu des choses innommables en terme de maltraitance, de cruauté ou de négligence sur des êtres aussi purs et sans défense que sont les chiens.

Etre éleveur et sauver des chiens, ce sont deux vies complètement différentes qui n'ont aucun rapport l'une avec l'autre. Etre client d'un éleveur, c'est complètement différent d'offrir une nouvelle vie à un chien abandonné et pris en charge par un refuge ou une association de protection animale.

De même, la perte de repère d'un chien abandonné qui rejoint sa nouvelle famille, n'est pas comparable avec celle d'un chiot né dans un élevage qui arrive chez vous après sa vente.

L'aventure de l'adoption : ouvrir son cœur à une personne sans famille

L'adoption est le début d'une merveilleuse aventure qui commence par un don de soi. En ouvrant votre foyer à un chien abandonné, c'est aussi votre cœur que vous ouvrez, à un individu ayant une histoire, un bagage, avant de vous rencontrer.

Le chien que vous venez d'adopter, par le simple fait de changer de milieu de vie une nouvelle fois, est un chien en perte de repères, qui aura besoin de toute votre bienveillance pour pouvoir s'adapter au mieux à votre foyer, votre façon de communiquer, vos demandes, vos attentes, et tout ce qui va composer sa vie avec vous.

Parce que la perte de repères perturbe le chien, le déboussole (même si c'est pour une vie meilleure, avec une vraie famille), votre nouveau compagnon n'a pas la moindre idée de ce qui lui arrive ni du fait que vous venez de le sauver. Celui-ci va voir ses capacités de compréhension, d'analyse, de communication, et de mémorisation altérée, et ce pendant les semaines qui suivent l'adoption. Il peut être en grave manque de sommeil à cause d'un séjour en refuge, stressé d'avoir perdu son ancienne famille qu'il aimait. Il peut aussi n'avoir aucune idée de ce qu'est sensé faire un chien de famille. Cela signifie que pendant ces quelques semaines ou mois, votre chien va avoir du mal à vous comprendre et à retenir ce que vous essayez de lui apprendre ! Votre patience et votre aide bienveillante et aimante vont lui être indispensables pour pouvoir s'épanouir et peu à peu se montrer sous son meilleur jour.

Un chien adopté est un chien qui vient de perdre ses repères une nouvelle fois !

Rappelez-vous de ceci à chaque jour qui passe : votre chien fait toujours de son mieux !

Imaginez-vous propulsés dans une société dirigée par des géants, qui gèrent tous les aspects de votre vie : quand vous mangez, quoi et où, quand vous dormez et où, quand vous sortez et où, quelles sont vos activités, où , avec qui et comment, vos mouvements, quand vous allez aux WC...

Des géants à la gestuelle étrange qui plus est, avec un langage dont vous comprenez dix mots dans le meilleur des cas, voire moins, ou pire, rien du tout !

Comment aimeriez-vous que ces géants vous traitent ? Qu'auriez-vous besoin qu'ils fassent pour pouvoir vous y attacher, les aimer, et avoir confiance en eux ?

Pour pouvoir s'intégrer sereinement à sa nouvelle famille, votre chien fraîchement débarqué va avoir besoin en premier lieu de se sentir bien et en sécurité – physique mais aussi émotionnelle ! Cela va passer par un certain nombre de détails – lieux de couchage et qualité du couchage, repas, activités, jouets adaptés aux besoins du chien, matériel de promenade adapté – mais aussi par votre façon de communiquer avec lui : la confiance d'un chien envers un humain n'est pas innée et se mérite !

 

Donner la priorité à la construction d'un lien de confiance

Construire une relation de confiance, qui permet d'accéder à des apprentissages de qualité, est un travail de tous les jours. En donnant la priorité à la relation dans votre histoire avec votre chien, vous favorisez une adoption heureuse, à la fois de votre point de vue, mais aussi de celui de votre chien. Votre chien ne vous doit ni allégeance, ni obéissance. C'est à vous, humain doué d'intelligence et capable de vous former, responsable de lui, de vous mettre à sa hauteur, de répondre à ses besoins et de lui prouver que vous êtes quelqu'un de bien. La confiance se crée à partir de preuves : preuve que vous êtes toujours gentil et fiable, que vous le protégez, qu'auprès de vous il est toujours en sécurité affective, émotionnelle, physique. Qu'avec vous l'amour est gratuit, qu'avec vous il peut avoir des droits, droit de choisir, droit de dire non, droit de préférer faire autre chose, droit de décider, droit de s'exprimer, droit de pouvoir exister avec sa personnalité propre, ses goûts, son histoire, et qu'il sera guidé chaque fois qu'il en aura besoin ou que cela sera nécessaire pour vivre en communauté. Contrairement à un humain adulte autonome, qui est sensé se prendre en charge lui-même et donc consulter un professionnel s'il a des comportements qui nuisent au bien-être des autres, votre chien n'a que vous et c'est à vous de prendre cela en charge à 100% !

Pour cela, rien de mieux que de consulter un professionnel formé à travailler dans le respect du chien – corps et émotions inclus – qui vous guidera, avec bienveillance et empathie, envers vous mais aussi envers votre chien. Si vous ne savez pas faire, c'est ok : mieux vaut avoir l'humilité de consulter plutôt de que créer des difficultés au chien par méconnaissance, le faire souffrir et enregistrer des comportements qui seront difficiles à modifier par la suite.

Boycottez absolument les professionnels et les refuges ou associations qui prônent un rapport de supériorité de l'humain sur le chien, et qui s'autorisent à faire peur, mal, à mettre en inconfort les chiens, à les soumettre, à les obliger à faire des choses effrayantes pour eux, à leur imposer un milieu de vie qui ne leur convient pas ou qui utilisent des méthodes qui stressent les chiens : si aucun chien ne veut vivre cela, les chiens abandonnés ont déjà assez souffert de leur abandon pour ensuite devoir subir de pareils traitements. Sauver un chien implique de s'engager à lui faire du bien, et rien ne justifie ni ne nécessite de leur faire vivre des choses désagréables pour eux !