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Une seule violence - journée du droit des femmes 2025

Une femme souriante avec les cheveux bouclés, portant un t-shirt jaune, se prend en selfie avec un chien noir et blanc à ses côtés, entourée de verdure.
Par Marine Coach Canin
Publié le
08
March
2025
Temps de lecture : ⏱️
5 min
Catégorie :
Violences conjugales
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Marine Coach Canin porte un bonnet et pose avec son superbe chien roumain Daima, avec un magnifique paysage du Parc Naturel Régional du Haut Languedoc. Ils ont le visage serein.

Une seule violence - journée du droit des femmes 2025

La journée du droit des femmes… 8 mars 2023. Je me souviens encore. Je tremblais, chez moi, enfermée à double tour, terrorisée. On m’avait dit de rentrer chez moi et d’attendre que la justice m’appelle. Deux ans plus tard, j’attends toujours. Je suis toujours victime de contrôle coercitif. Toujours victime de violences. Pourtant, j’ai fait ce qu’on m’a dit. J’ai quitté cet homme qui me faisait du mal, porté plainte. Cinq fois en deux ans. J’ai lutté pour rester en vie. Je lutte pour me reconstruire malgré le danger, malgré la terreur qui ne me quitte quasiment jamais. Je sursaute toujours au moindre bruit. Je me réveille toujours en hurlant, croyant qu’il est venu me tuer dans mon sommeil. Comme il avait promis de le faire. J’ai toujours une panique ingérable au moindre éclat de voix. J’ai toujours le coeur et l’âme en miettes.

Aujourd’hui, quand je marche dans la rue, je sais. Je sais que derrière ces regards que je croise parfois, il y a une femme qui vit la même chose que moi. Qui est peut-être encore en plein enfer.

Je suis une femme et ma vie brûle.

Je suis ta voisine, ta soeur, ta boulangère. Je suis cette femme qui rit aux éclats quand tu lui parles en attendant le bus. Je suis cette femme aux yeux sombres de chagrin, aux traits tirés, qui se dépêche de rentrer chez elle après le travail et que tu trouves malpolie d’écourter ainsi la conversation. Je suis cet enfant qui chahute à l’école et que tu as disputé parce qu’il faisait trop de bruit. Je suis cette petite fille toujours sage, discrète, que tu trouves si parfaite que tu voudrais qu’elle soit la tienne. Je suis ce chien que tu as caressé en allant au parc. Celui qui, dans l’ombre de la maison, se terre dans un coin de la cuisine en attendant que l’orage passe. On sait bien que ça finit toujours par se calmer, même juste un peu, qu’ils viennent même s’excuser, doux et repentis parfois. Avant que l’enfer ne recommence. Encore et encore.

Je suis une femme et ma vie brûle.

Parce qu’un homme a décidé que, pour évacuer ses démons, je ferai un bon combustible. Parce qu’un homme s’est autorisé à m’utiliser comme fusible. Qu’est ce qui fait qu’un jour, un être se sent suffisamment supérieur en force à un autre pour se permettre de le terroriser ? De lui faire du mal ? Et qu’est ce qui fait qu’une société arrive à faire croire à l’opinion publique que c’est l’être maltraité qui est en cause ? Je tente de répondre à ces questions depuis deux ans maintenant. Des travaux récents y répondent pour moi. Durant ces deux années, j’ai rencontré celles et ceux qui nous jugent, celles et ceux qui nous conseillent en pensant savoir, celles et ceux qui nous rejettent, celles et ceux qui nous ignorent, celles et ceux qui nous accusent, celles et ceux qui nous accablent. Infiniment plus rares, celles et ceux qui nous croient, qui nous écoutent, nous accueillent, nous soutiennent à travers l’enfer. Celles et ceux sans qui je ne serais plus là pour écrire ces quelques mots.

Mes chères soeurs de douleur, je vous vois.

J’entends vos hurlements de terreur silencieux, vos larmes qui coulent vers l’intérieur.

Je sais que vous êtes là.

J’entends vos voix.

Et je sais. Je sais, maintenant, la partie commune de notre enfer. Je sais combien vous êtes courageuses, intelligentes, fortes.

Je sais combien vous luttez chaque jour.

Mon coeur bat pour vous. Pour tous les êtres qui vivent sous la terreur d’un autre qui se permet de les utiliser pour se défouler, pour assouvir ses pulsions, pour faire vivre ses propres démons.

Je vous promets que j’utiliserai ce qu’il reste de moi pour exiger que nous soit restitué notre droit à la vie.

Cette histoire est aussi la vôtre. Je souhaite de tout coeur que mes paroles puissent trouver un écho, et porter celles d’autres femmes rendues muettes par la terreur, la honte, le chagrin, l’usure.

Tu te reconnais dans ce texte ? Avec ou sans chien, si tu le souhaites, tu peux m'écrire. Suivie au CIDFF ? Je t'accompagne gratuitement pour ton chien.